Tuesday 21 February 2017

Bureaux. La tendance du «Co-Working» débarque au Liban

En période de crise, l’économie du partage a le vent en poupe et l’immobilier n’échappe pas à la tendance. La hausse fulgurante du nombre de travailleurs indépendants au Liban, encourage ainsi le développement des bureaux partagés (les espaces de co-working). Explications.



Un hamac suspendu en extérieur, un coin lecture aménagé dans l’espace de travail commun et même une machine de sport près de l’atelier de calligraphie, font presque oublier qu’ici, les gens sont là pour travailler. C’est tout le concept de SubMarine, un nouvel espace de co-working inauguré au mois de décembre dernier dans le quartier Unesco, à Beyrouth.
La créatrice du lieu, Yasmina Sakr, voulait en faire «un espace de travail où les gens pourraient collaborer, sans être forcés de le faire», selon ses termes.
«L’idée est venue de manière spontanée, raconte-elle. J’ai remarqué que beaucoup de freelancers au Liban étaient un peu comme des nomades: ils investissent les cafés pour travailler. J’avais ce grand espace vide en dessous de mon entreprise. Pourquoi ne pas en faire un espace de travail partagé, où des indépendants de tous les domaines pourraient mettre en commun leurs expertises respectives, les frais fixes, échanger leurs idées et même, pourquoi pas, collaborer? Tout cela dans une ambiance propice à la créativité et à l’émulation».

Manque d’infrastructures. C’est exactement le concept du co-working. Apparu aux Etats-Unis il y a une dizaine d’années, la tendance arrive en force au Liban et bouleverse l’immobilier de bureau traditionnel. Au Beirut Digital District (BDD), la société immobilière à l’origine du projet avait pour ambition de créer une «communauté» d’entrepreneurs, qui bénéficierait de toute l’infrastructure manquant gravement au Liban et pourtant indispensable à la productivité: l’Internet, l’électricité en continu ainsi que d’autres avantages propres à la communauté, comme un service de ressources humaines, d’aide à la création d’entreprise… Objectif affiché : que les entrepreneurs ne se focalisent plus que sur leur business et rien que leur business.
Depuis quelques mois, les espaces de ce type essaiment un peu partout au Liban. Ibrahim Zahreddine et Karim Attoui ont, eux, poussé le concept encore plus loin avec Innovation Factory. Inauguré en octobre dernier, on y partage des bureaux mais pas seulement. Une véritable usine de fabrication de prototype de produits a vu le jour, avec, notamment, un laboratoire «médias», qui proposera très vite, tout le matériel nécessaire à la production de contenu digital.
L’espace réunit ainsi des designers, architectes, artistes, entrepreneurs autour des bureaux et de l’usine de fabrication de produits. Ici, on peut tout fabriquer: des meubles, des objets technologiques, des prototypes. Tout cela en bénéficiant, en parallèle, de bureaux collectifs ou individuels en fonction de la formule choisie. Les tarifs oscillent entre 175 et 210 dollars par mois pour «un hot desk», c’est-à-dire un bureau mobile, ou un bureau individuel, avec un accès à l’usine de fabrication et au laboratoire média,  dans tous les cas de figure. «L’idée nous est venue de notre expérience personnelle. Nous travaillions avec beaucoup d’entrepreneurs libanais, qui avaient été obligés de quitter le pays pour concevoir leurs produits par manque d’infrastructures sur place», expliquent les fondateurs d’Innovation Factory.



Carnet d’adresses. Parmi les avantages du co-working,  figurent ainsi le confort d’une infrastructure mais aussi, et surtout, l’accès à un carnet d’adresses. Ce sont les atouts mis en avant chez Antwork, un espace créé en février 2016 à Spears. La fondatrice, Zina Bdeir Dajanj, voit grand pour son projet, qui est encore dans une phase pilote. Le campus de 5000 m2 sera notamment composé de deux immeubles, d’une grande cour, de plusieurs bureaux privatifs et d’autres conçus en «open-space», de salles de conférences, d’événements mais aussi d’un espace de fitness, d’un café, d’un lieu dînatoire et de 1500 m2 de jardin. Outre l’infrastructure développée, Antwork insiste sur la notion de communauté comme valeur ajoutée. «Les abonnés auront aussi accès à un réseau, à une communauté, ils auront à leur disposition toute l’infrastructure nécessaire mais surtout, ce carnet d’adresses pour réaliser des affaires sans même avoir à bouger d’Antwork», explique Ralph Raad, responsable du marketing et des ventes.
«Au Liban, la demande de ce type d’espaces a toujours existé. Il s’agissait souvent d’indépendants, de freelancers qui travaillaient dans des cafés par manque d’options alternatives, dit-il. Les locations de bureaux sont traditionnellement chères et peu flexibles pour des start-up ou de jeunes entreprises. L’explosion des freelancers au Liban explique le boom de cette industrie par le besoin de solutions modernes et flexibles pour une start-up en constante évolution. A Antwork par exemple, les solutions sont modulables: l’entrepreneur peut choisir parmi plusieurs formules où, quand et comment il souhaite travailler et pourquoi pas même, agrandir son espace de travail au fur et à mesure de la croissance de son business et de son équipe», conclut M. Raad.

Soraya Hamdan /magazine.com.lb/3 février 2017

La Banque centrale a consenti la semaine dernière à une baisse d'environ 30 % des taux d'intérêt sur les prêts au logement proposés par l'Établissement public de l'habitat, afin notamment de stimuler la demande.

LIBAN - IMMOBILIER
La Banque centrale a consenti la semaine dernière à une baisse d'environ 30 % des taux d'intérêt sur les prêts au logement proposés par l'Établissement public de l'habitat, afin notamment de stimuler la demande.
21/02/2017




« La décision de la BDL était attendue par l'EPH depuis plus d'un mois », confie M. Lahoud, ajoutant que « les nouveaux taux correspondent à nos attente : l'EPH peut désormais proposer des taux de 3,28 % et 3,73 % ; contre 4,67 % et 5,07 % précédemment ». Cela correspond à des baisses respectives de 29 % et 26 %. « Le taux appliqué par l'EPH est de 3,28 % si les banques qui interviennent dans le financement du mécanisme de prêt de l'EPH décident de le financer via leurs réserves obligatoires et de 3,73 % si elles le font via les plans de relance de la BDL », poursuit M. Lahoud, ajoutant que ces nouveaux taux sont applicables à tous les prêts contractés à partir du 15 février. Contactée par L'Orient-Le Jour, la BDL n'a pas fait de commentaires.

Hausse des prêts
Fondé en 1999 pour remplacer la Caisse indépendante de l'habitat, l'EPH propose des prêts au logement à des taux relativement faibles aux ménages qui n'ont pas suffisamment de revenus pour devenir propriétaires. Ces prêts – plafonnés à 180 000 dollars – servent à financer l'acquisition ou la construction de nouveaux logements, ainsi que les travaux de transformation ou de rénovation de logements existants. Dans tous les cas, la surface du logement concerné doit être inférieure à 200 m². Remboursables sur des durées pouvant atteindre 30 ans, ils sont réservés aux ménages qui gagnent moins de 4 500 dollars par mois (le salaire minimum est fixé à 450 dollars depuis 2012), entre autres conditions.
Selon le mécanisme mis en place, les ménages qui contractent un prêt via l'EPH ne remboursent que le capital aux banques pendant les 15 premières années pendant que l'établissement prend de son côté en charge les intérêts pendant cette période. Les bénéficiaires remboursent ensuite à l'EPH les sommes engagées par ce dernier à leur place. À taux d'intérêt égal, le coût d'un prêt consenti via l'EPH est ainsi moins élevé que celui d'un prêt classique. « L'EPH a approuvé 5 040 dossiers en 2016 pour environ 1 000 milliards de livres (662,7 millions de dollars, soit une moyenne de 131 488 dollars par prêt, NDLR), en hausse par rapport à plus de 4 600 dossiers approuvés en 2015 (+9,7 %) pour 870 milliards de livres (576,5 millions de dollars ; +15 %) », indique M. Lahoud. Ce dernier n'a toutefois pas communiqué d'objectifs chiffrés concernant les retombées de la baisse des taux.

Relance de la demande
Il reste que le marché de l'immobilier ne ferait pas l'économie d'un coup de pouce. « À travers cette baisse, la BDL cherche aussi bien à augmenter le niveau des prêts en livres qu'à relancer la demande sur le marché immobilier qui a affiché en 2016 l'une de ses pires performances de ces dernières années », affirme le directeur du département de recherche de la Byblos Bank, Nassib Ghobril. Selon l'indice publié début février par la banque, la demande immobilière a en effet reculé de 4,3 % en glissement annuel au quatrième trimestre 2016. Pour rappel, la BDL a accordé, à travers son dernier plan de relance lancé en novembre 2016 – le 5e depuis 2013 –, l'équivalent en livres de près d'un milliard de dollars de prêts subventionnés aux banques, 60 % de ce total devant être injecté dans l'immobilier pendant près d'un an. La BDL alloue cette enveloppe de crédits en livres aux banques à un taux d'intérêt de 1 %, à charge pour elles de les redistribuer au secteur privé à un taux maximal de 6 %.
Pour M. Ghobril, la baisse des taux de l'EPH, combinée à celle, en vigueur depuis le 1er janvier, des taux pratiqués par la Banque de l'habitat – qui sont passés de 5 % à 3 % –, « va permettre de soutenir la demande des ménages à revenus moyens ou modestes », qui ont été les plus actifs en 2016. Pour rappel, la Banque de l'habitat est une société privée spécialisée dans l'octroi de crédits immobiliers plafonnés à 530 000 dollars et dont le capital est détenu à 20 % par l'État.
« La baisse des taux de l'EPH et de la Banque de l'habitat ne suffira toutefois pas à modifier la dynamique du marché immobilier, à moins d'être accompagnée d'autres mesures comme un allégement de la fiscalité sur les transactions immobilières », insiste M. Ghobril.
S'agissant enfin de la santé financière de l'EPH, M. Lahoud affirme « qu'elle est suffisamment bonne pour assumer une baisse de ses taux ». L'établissement faisait face, jusqu'à il y a deux ans, à des problèmes de liquidités liés, entre autres, à un impayé d'environ 109 millions de dollars dus par l'État au titre des recettes sur la taxe de construction depuis 2011, l'une de ses principales sources de financement. Cette situation avait obligé l'EPH à s'endetter auprès des banques commerciales avant que l'État ne finisse par le renflouer.